Le trésor de Beale

Publié le par Taranto

En 1885 est publié une brochure, The Beale Papers, rapportant une curieuse histoire qui n’a jamais cessé depuis d’agiter les amateurs de cyptographie et les chasseurs de trésors.

 

L'histoire commence en janvier 1820, quand un voyageur  dénommé Thomas Jefferson Beale prit une chambre à  l’hôtel de Washington, à Lynchburg en Virginie.

 

Robert Moriss, le propriétaire, l’accueilla dans son établissement tout l’hiver et nota que, si Beale avait été très apprécié par tout le monde, et particulièrement  les dames, il n’avait jamais parlé de ses origines, de sa famille ou du but de sa visite. Puis il était reparti aussi soudainement qu’il était arrivé.

 

Beale devait revenir deux ans plus tard, pour passer de nouveau l’hiver à l’Hôtel de Washington. Avant de repartir, il confia à Moriss une boite en fer fermée à clef, qui contenait « des documents de valeur et d’importance » . Puis il repartit de Lynchburg sans laisser d’autres traces. Quelques semaines plus tard, Morriss recevait  une lettre de Saint Louis, Missouri.  Beale lui expliquait que le coffre contenait des informations très importantes sur sa fortune et celle de ses camarades, et il donnait des consignes précises à l’hotelier : si personne n’était venu réclamer ce coffre sous dix ans, il devait l'ouvrir. Il trouverait à l'intérieur quelques mots d’explication, mais aussi trois lettres codées, nécessitant une clé pour être compréhensibles. Cette clé, il la recevrait par courrier, un ami étant chargé de la poster à partir de juin 1832. Morriss attendit, mais personne ne vint et le courrier promis n’arriva jamais. Il conserva alors le coffret verrouillé.

 

En 1845, sans aucunes nouvelles depuis 23 ans, Moriss finit par forcer la serrure. Il trouva à l’intérieur une note manuscrite par Beale en bon anglais ainsi que 3 feuilles pleines de nombres.

 

Première note de Beale

 


 

Deuxième note de Beale

 


Troisième note de Beale


Le premier document expliquait l’histoire du trésor. En 1817, Beale et 29 camarades s’étaient embarqués dans un voyage vers l’ouest. C’était une expédition de chasse aux bisons, qui devait les mener jusqu’à Santa Fé. Ils repartirent vers le nord à la recherche de nouveaux troupeaux quand leur voyage changeau radicalement d’objet. En campant dans un petit ravin, un des hommes découvrit dans une fissure quelque chose qui avait l’aspect de l’or. C’était le début d’un filon, que Beale et les autres allaient exploiter pendant les 18 mois suivants.

 

Arrivé à ce stade, ils devaient réaliser que leur or devait être mis à l’abri dans un endroit sûr. Ils décidèrent de le ramener en Virginie et de le cacher dans un endroit connus d’eux seuls. Pour réduire le poids à transporter, Beale devait échanger une partie de l’or brut contre de l’argent et des bijoux. En 1820 il s’était donc rendu près de Lychburg, où il avait trouvé un endroit approprié et enterré le trésor. C’est à cette occasion qu’il avait rencontré Morris pour la première fois.

 

Après son séjour à l’Hôtel de Washington, Beale était reparti vers l’ouest rejoindre ses hommes, qui continuaient à exploiter la mine. Ils y travaillèrent encore 18 mois et Beale dut repartir de nouveau pour déposer or, argent et bijoux en plus grand nombre dans la cache. De plus, ses camarades et lui s’étaient inquiétés de savoir comment faire passer leur trésor à leur famille s’il leur arrivait quelque chose. Ils avaient décidé de trouver une personne de confiance qui garderait des documents pour retrouver la cache au trésor. C’était Moriss que Beale avait choisi.

 

Après avoir lu ce message, Moriss était déterminé à retrouver les héritiers des 30 hommes vraisemblablement morts et à leur transmettre les richesses enterrées. Mais la description du trésor, de son emplacement et la liste des parents avaient été codés : il s’agissait des trois feuilles couvertes de chiffre. La solution de cette énigme n’était jamais arrivée et l’hôtelier fut obligé de déchiffrer ces cryptogrammes à partir de zéro. Cette tâche devait l’occuper durant les vingt années suivantes, sans aucun résultats.

 

En 1862, Morris, âgé de 84 ans, devait choisir de partager le secret de cette histoire avec un ami proche afin de garder un espoir de satisfaire la volonté de Beale et transmettre leur héritage aux familles de la liste. L’identité de cet ami demeure un mystère mais ce serait lui qui aurait réussi à déchiffrer la 2e note de Beale et qui aurait fait publier la brochure The Beale Papers.

 

Comme les deux autres, la 2e note de Beale est une suite d’environ 800 nombres, qui commence avec la séquence 115, 73, 24, 807, 37, ...L’ami aurait deviné que chaque nombre correspondait à un mot d’un texte-clef. Procédant de façon empirique, il essaya tous les textes qui lui passèrent entre les mains jusqu’à faire le test avec une version de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Il pu ainsi décoder le texte suivant :

 

 

Selon ce document, le trésor aurait une valeur de plus de 15 millions d’euros ! 

 

Malheureusement, cet ami ne parvint pas à décrypter les autres notes malgré des efforts redoublés. Découragé, il finit par choisir de soulager sa conscience en publiant tout ce qu’il savait dans la brochure, tout en restant anonyme pour ne pas être harcelé par les chasseurs de trésors.

 

A ce jour, les deux autres notes de Beale gardent leurs secrets malgré les efforts des chercheurs et les progrès de la cryptographie moderne assistée par ordinateur.

 

Nombreuses sont les personnes à penser qu’il ne s’agit que d’un canular particulièrement élaboré, alors qu’à l’époque de la publication de la brochure, la mode est aux histoires de codes secrets depuis la parution du Scarabée d’Or d’Edgar Allan Poe.

 

Il semble déjà suspect de voir que seule la description du trésor ait été déchiffrée, peut-être pour encourager les efforts de décryptage. De même, si Beale avait juste un message à transmettre à ses camarades, il est étrange qu’il ait fait l’effort de choisir trois méthodes différentes de cryptage.

Enfin, selon certains chercheurs, la 3e note serait trop courte pour contenir la liste des parents de 30 personnes et des analyses statistiques des deux notes restantes suggèreraient qu’il ne s’agirait pas de textes en anglais.

 

Cela n’a pas arrêté les chercheurs de trésors : depuis plus d’une centaine d’années, des personnes sont arrêtées dans le comté de Bedford en Virginie pour violation de propriété et fouilles non autorisées.

 

Elles auraient du méditer les quelques mots d’avertissement écrits en préambule par l’auteur de la brochure :

 

Avant de rendre public ces papiers, je voudrais donner un petit conseil, acquis par une expérience amère. C’est de ne consacrer à cette tache que le temps libre que vous laisseront vos affaires légitimes, et si vous n’avez pas de temps à perdre, d’abandonner le sujet…

Ne sacrifiez jamais, comme j’ai pu le faire, vos propres intérêts ou ceux de votre famille pour ce qui pourrait se révéler n’être qu’une illusion ; mais, comme je l’ai déjà dit, quand vos taches quotidiennes sont achevées et que vous êtes confortablement assis auprès d’un bon feu, consacrer un peu de temps au sujet ne blessera personne et peut apporter sa récompense.

Publié dans Rumeurs et légendes

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T
A ne pas confondre avec le trésor débile ou le trou de Bâle...
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